dimanche 1 avril 2012

Macbeth : parpaings et petits rois

On érige des murs, des grillages ; on construit des barrières, des portillons à code. On s'enferme, on nous enferme.

Laurent Pelly emprisonne ses personnages dans des murs de parpaings, chacun dans sa portion de lotissement, maison avec vue étriquée et portail sinistre. On s'invite entre soi, pour mieux s'entre-tuer.

Macbeth est une pièce compliquée : des sorcières, un spectre, des apparitions, un enfant, une forêt qui marche, une tête coupée, des meurtres ; ici, ailleurs.

Francisco de Goya
Vol de sorcières, 1798
Les lieux changent au rythme de nombreux précipités où le rideau noir tombe comme un couperet, terrifiant. Les sorcières sont grotesques et goyesques. Le spectre sanguinolent de Banco s'invite au banquet et disparaît parmi les ballons de baudruche. Les apparitions sont des squelettes de bunraku manipulés par des hommes noirs.

Si le meurtre de Duncan est suggéré, celui de l'enfant est explicite, étrange écho de l'effroyable actualité toulousaine. Mais la forêt de Birnam ne marche pas, occultée par le brouillard et les projecteurs aveuglants.


L'atmosphère est pesante, mais sans effroi. Les robinets d'arrosage qui surgissent des dessous et la tête coupée de Macbeth prêtent à sourire, accessoires dérisoires de cet univers où les rois de pacotille portent des couronnes qui lancent des éclairs comme des boules à facettes et tuent pour se jucher sur des trônes beaucoup trop hauts. 
(Crédit photo : Polot Garat Odessa)
Thierry Hancisse et Marie-Sophie Ferdane, de la Comédie-Française, dominent la distribution, malgré d'inintelligibles passages de colère et de folie. Pierre Assedat est remarquable dans les deux rôles de Duncan et de Hécate. On regrettera cependant le peu crédible Macduff de Rémi Gibier.

TNT Toulouse, 24 mars 2012

La critique de Culture 31

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1 commentaire:

  1. Des grillages, des barrières, des portillons... comme un campus universitaire qui se transforme peu à peu en lotissement étudiant ?

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